Un bon bol d’air, cela vous tente ?
En cette période un peu déprimante, partons en promenade dans les bois, à la recherche de l’un des trésors de la gastronomie française : la truffe. Champignon qui grandit sous terre, la truffe est par conséquent plus difficile à trouver.
Enfin, plus précisément, on va s’intéresser au fait d’investir dans un chêne truffier. Car, lorsque l’on voit le prix du kilo de truffe, on peut imaginer qu’acheter un chêne truffier peut constituer une opération intéressante.
Un chêne truffier, sérieusement ? Mais oui parfaitement, suivez-moi dans ce périple d’investisseur champêtre 😆 .
Comment reconnaître un chêne truffier ?
Le truffier est un chêne vert au feuillage persistant qui peut mesurer jusqu’à 30 mètres. OK, je sais, jusque là cela ne vous aide pas beaucoup.
En fait, le plus simple est de faire appel à ceux qui sont le plus à même d’identifier un chêne truffier :le cochon et le chien !
Quel est le prix d’un chêne truffier ?
Difficile de répondre de façon binaire à cette question tant elle est fonction de multiples variables.
Tout d’abord, l’âge de l’arbre : le prix d’un chêne truffier de 5 ans sera supérieur à celui d’un chêne truffier de 3 ans – pour la simple et bonne raison que le truffier commence à « donner » à partir de ses 5 ans. C’est donc potentiellement à partir de là que vous pouvez en retirer des revenus. Mais, l’arbre donnera sa pleine mesure à partir de 10 ans.
Ensuite, le type de truffe : noire du Périgord, blanche d’hiver, ou de Bourgogne, toutes n’ont pas la même valeur.
Comptez environ 250 € pour l’achat d’un jeune chêne et 500 € pour un chêne qui propose déjà une bonne production.
Et planter un chêne truffier ?
Si vous avez la main vraiment verte, vous pouvez vous lancer dans la plantation d‘un chêne truffier. Avant cela, choisissez le bon terrain (bien exposé au soleil et bien drainé), le climat adéquat (de préférence assez doux) et faites une étude des sols (acidité, richesse du sol…). Les sols calcaires sont à favoriser.
Une fois planté, il faudra protéger l’arbre avec un filet de protection car il a tendance à attirer les rongeurs !
Peut-on obtenir des subventions pour la plantation de chêne truffier ?
Des aides existent si vous êtes archi-motivés et que vous envisagez de créer une exploitation. Il faut dans ce cas se renseigner auprès des collectivités locales, particulièrement des conseils régionaux. Vous pouvez également prendre attache avec les chambres d’agriculture.
Chêne truffier et rendement
Si on parle rendement agricole, chaque arbre génère entre 10 et 100 grammes de truffe par an. Le prix moyen de la truffe est de 1 000 € le kilogramme. A vous de faire les comptes !
Ces prix qui peuvent paraître mirobolants s’expliquent par le jeu de l’offre et de la demande : cette dernière augmente d’année en année tandis que la production truffière française a considérablement baissé.
Il vous faudra ramasser les truffes entre juillet et février selon le type de champignon. Attention, celles-ci peuvent affleurer le sol ou être enterrées sur environ 30 à 40 centimètres.
Durée de vie d’un chêne truffier
La durée de vie d’un chêne truffier est d’environ 20 ans. Il est important ici de préciser que soit vous profitez jusqu’au bout du rendement de votre chêne truffier – et perdez votre capital investi au départ – soit vous revendez vos arbres entre temps.
Comme vous l’imaginez la durée de vie d’un chêne truffier (et son rendement) dépend aussi largement de la météo, des intempéries, des animaux attirés par l’odeur des truffes voire des voleurs de truffes…
Comment investir dans un chêne truffier ?
Vous pouvez essayer de vous lancer de votre côté comme je l’ai expliqué un peu avant. Mais, le plus simple reste d’acheter des parts d’une truffière existante.
Dans ce cas, le rendement pourra atteindre 6 % par an. La moitié de la production revient à l’exploitant, la deuxième est partagée entre les propriétaires. Un chêne truffier est généralement amorti en une dizaine d’année.
Cerise sur le gâteau (pour rester dans le registre gastronomique 🙂 ) : les bénéfices dégagées par votre chêne truffier sont exonérés d’impôts. Une sorte de paradis fiscal en France ! Ce n’est pas un cas isolé ceci dit : investir dans l’agriculture ou les forêts est assez intéressant de ce point de vue.
Autre aspect attrayant de l’opération : vous aidez au développement d’une exploitation agricole du pays. C’est un investissement qui présente donc un caractère éthique.
Enfin, vous avez l’option surprise : vous offrez un chêne truffier sous forme de coffret cadeau. En voilà une idée originale !
Au final…
Investir dans un ou plusieurs chênes truffiers peut être un bon moyen de diversifier son patrimoine. De plus, c’est un placement pour les gourmets ! Il est intéressant de relever que d’autres arbres peuvent produire des truffes : charmes, pins, tilleuls, hêtres et noisetiers.
Si les investissements alternatifs vous intéressent, vous pouvez également lire ou relire ces articles sur les terres pour la chasse ou la vigne.
Bonjour,
Je me permets de rectifier quelques erreurs dans cet article : chaque arbre ne génère pas forcément de la truffe ( il faut compter environ 50% de producteurs sur une plantation entière).
Il y a différents types de chênes qui produisent de la truffe : pubescent, kermes, fastigier et pubescent par exemple perd ses feuilles à l’automne.
Il est fortement déconseillé d’acheter des plants de plus de 2 ans car celles ci auront plus de mal à s’adapter à la plantation, de plus, 5 ans d’arrosage en pot lessive les spores et rend la mychorization faible à nulle donc rend l’arbre improductif en truffes.
La vente des truffes n’est pas du tout exonérée d’impôts, elle est déclarée au même titre que n’importe vente avec la tva si la personne ou l’entreprise en est assujettie.
Pour finir, un chêne truffier n’a pas une durée de 20 ans, elle a la même durée de vie que n’importe quel autre chêne. Pourquoi le rendement est devenu faible ? Le paysage a changé, moins de polyculture, moins de pastoralisme, destruction des zones naturelles. On tend vers le consumérisme où on plante et on rase tous les 20 ans avec pour seul objectif : le rendement. Or quand on répète ce même système en boucle, on affaiblit sans s’en rendre compte notre potentiel de production et on dépense de nouveau pour racheter des arbres. Au final que ce soit à 200€ le kilo pour la tuber aestivum, à 400€ pour la tuber uncinatum et 1000€ pour la tuber melanosporum, la vente de ces truffes , les dépenses pour l’achat des plantes, la mise en place de l’irrigation, l’achat des pièges à liodes, les protections anti souris, les protections anti sangliers etc…, ce qui fait un total de 0 niveau rentabilité pour la plupart des trufficulteurs qui misent sur le système des 20 ans de vie d’un arbre truffier.
Un jour P. Rejoux, du syndicat des trufficulteurs dans le Périgord nous a dit qu’un chêne de plus de 150 ans était un champion, produisant à lui seul quelqueskilos. J’ai constaté aussi que 3 de mes meilleurs producteurs avaient plus de 50 ans.
Chloé, une trufficultrice dans le Périgord.