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Epargne de précaution : comment bien épargner ?

épargne de précaution

On ne prête qu’aux riches.

Derrière cette phrase toute faite se cache une vérité profonde. Plus vous avez d’argent plus vous pouvez facilement en emprunter à la banque. Plus vous avez les moyens de payer des intérêts bancaires et moins on vous en réclame. Aux « riches », on propose des systèmes ingénieux pour échapper aux frais les plus courants… et à l’assommante fiscalité française.

Vous trouvez cela choquant ? Je suis d’accord avec vous. C’est envers les personnes les plus indigentes que l’on devrait se montrer compréhensif, c’est aux pauvres que l’on devrait prêter à taux hyper préférentiel.

Malheureusement cela n’est pas le cas. Pourquoi ? Hé bien tout simplement parce que ces personnes représentent tout ce que les banques détestent et cherchent par dessus tout à éviter : le RISQUE.

A l’inverse, elles vont « courir après » les meilleurs profils. Typiquement les jeunes couples, cadres supérieurs avec des revenus sûrs. Les banques se feront la guerre pour attirer ces personnes.

Vous allez me dire « OK, super, mais cela ne me correspond pas du tout, moi j’ai un salaire modeste et, malgré cela, je voudrais investir dans l’immobilier, est-ce que je dois laisser tomber ? »

Pas du tout ! Vous avez d’autres arguments à faire valoir, notamment votre bonne gestion financière ou encore votre épargne.

Il ne s’agit pas de mettre de côté des montagnes de cash pour devenir plus crédibles auprès des banquiers.

D’expérience, avoir économisé quelques milliers d’euros suffit.

Alors, comment vous y prendre pour bien épargner ? Comment mettre de l’argent de côté sans vous priver tous les mois ? Comment créer une épargne de précaution qui vous permettra d’assurer vos arrières et de convaincre le banquier du sérieux de votre projet ?

épargne de précaution

L’épargne de précaution : qu’est-ce que c’est ?

Cet argent mis de côté vous permet de faire face à des situations d’urgence et / ou des imprévus. L’exemple typique est celui de la voiture. Vous devez faire changer la courroie de distribution ? L’épargne de précaution est là pour çà !

Bon, çà c’est pour la définition de l’épargne de précaution de base.

Mais, comme on parle sur ce blog d’investissement immobilier, vous devez également prévoir de mettre de côté pour faire face à toute situation désagréable liée à vos investissements : vacances locatives, travaux inopinés…

Il s’agit en résumé de votre filet de sécurité.

L’épargne de précaution constitue selon moi le premier niveau de votre épargne. Un second niveau est une épargne de long terme (typiquement l’assurance vie ou le Plan d’Epargne en Action, PEA).

Les préalables à l’épargne de précaution

Ces préalables sont indispensables à une mise en place efficace de votre fonds d’urgence (ou épargne de précaution).

Etat des lieux

Tout d’abord, vous allez devoir procéder à un état des lieux le plus précis possible entre vos dépenses et vos recettes.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, peu de Français tiennent correctement leurs comptes.

Je ne vais pas vous dire que tout cela est excitant mais c’est nécessaire pour optimiser votre épargne.

Vous allez sans doute constater des dépenses inutiles dont vous pouvez vous passer ou que vous pouvez réduire drastiquement.

Pour la colonne revenus, voyez comment il est possible de les augmenter, par exemple en revendant des objets inutilisés ou en utilisant des systèmes de cashback.

Partez en chasse

Observez le fonctionnement de votre compte bancaire. Celui-ci ne doit plus faire apparaître de découverts, d’incidents de paiement entraînant des agios ou autres pénalités.

De la même manière, je vous recommande fortement de faire disparaître tout prêt à la consommation : voiture, travaux, télé…

Combien économiser ?

Quelle capacité d’épargne ?

Comme vous avez fait un état des lieux recettes / dépenses, vous êtes en mesure de déterminer votre capacité à épargner.

Vous avez ici deux solutions :

  • soit vous déterminez une somme fixe mensuelles à mettre de côté
  • soit vous optez pour un pourcentage fixe mensuel.

Personnellement j’utilise la première technique… et en fin de mois j’essaie encore de dégager des marges de manœuvre. Si ces marges existent, elles partent directement en épargne (de précaution ou de long terme).

Vous pouvez également mettre en place un système de prélèvement automatique sur votre compte courant pour ne pas être tenté de faire l’impasse ce mois ci parce que il y a les cadeaux de Noël à payer ou les vacances d’été à financer.

Faut-il utiliser la théorie du « je me paye en premier » ?

Selon cette théorie développée par l’investisseur Robert Kiyosaki, dès que vous avez votre salaire, vous commencez par alimenter votre épargne. Les autres dépenses passeront après (loyer, nourriture, vêtement…).

comment mettre de côté

Bon, sur le papier c’est bien joli. Mais dans les faits je pense qu’il vaut mieux payer son propriétaire et s’acheter de quoi manger plutôt que d’économiser et de se faire virer par son bailleur… le ventre vide.

Quelle somme mettre de côté au total ?

Vous avez ici plusieurs écoles.

Sachez tout d’abord que l’on parle souvent en équivalent de loyer : il faut mettre l’équivalent de 6 mois de loyer pour être tranquille. Si ce loyer est de 500 €, vous devez donc posséder une épargne de précaution de 3 000 €.

Mais c’est une moyenne. Et même si c’est cette moyenne que j’utilise personnellement, sachez que certains investisseurs ne mettent que 3 mois de loyer de côté, d’autres ont un profil plus prudent et vont jusqu’à 12 mois.

A vous de déterminer votre seuil de tolérance. Vous vous en rendrez compte le jour où vous aurez l’esprit tranquille 🙂 .

Affinez également votre calcul en fonction de votre profil : célibataire ou chargé de famille, fonctionnaire ou indépendant, âge, état de santé…

Dernière observation ici : plus votre patrimoine s’étoffe et plus votre épargne de précaution doit également grossir. C’est mécanique.

Comment bien épargner ?

Vous devez ici faire jouer la magie des intérêts composés.

Je ne vais pas revenir dans le détail sur le sujet – j’ai écrit un article complet sur le sujet.

Juste un rappel : votre épargne grossira d’autant plus que vous laisserez les intérêts s’ajouter au capital pour « faire des petits ». Il peut être tentant de s’octroyer une récompense en ponctionnant ces intérêts. Dans ce cas, votre bas de laine grossira moins vite.

Si vous avez besoin de « piocher » dans cette épargne, vous devrez la reconstituer rapidement. Et cela avant de poursuivre votre effort sur l’épargne de long terme.

Caractéristiques d’une bonne épargne de précaution

Epargne disponible

A l’inverse d’une épargne « bloquée » de type assurance vie ou PEA, l’épargne de précaution doit être disponible. C’est à dire que vous devez pouvoir la récupérer et l’utiliser rapidement et sans frais.

Epargne sécurisée

Pas question ici d’utiliser la bourse : vous avez 10 000 € de côté, vous devez avoir toujours (au moins) 10 000 € de côté quand vous en aurez besoin, que ce soit dans un an ou dans 10 ans.

Il faut donc miser sur des placements à capital garanti tels que les livrets d’épargne réglementés dont je vous parle plus bas.

Epargne proportionnée

Comme je l’ai déjà expliqué précédemment, votre épargne de précaution doit être proportionnée à votre patrimoine.

Si vous êtes propriétaires de 3 appartements dont les loyers rapportent 1500 €, vous devrez mettre de côté 9 000 € – si vous retenez la règle des 6 mois de loyer.

Epargne qui échappe au matraquage fiscal

Personnellement, j’opte pour des placements qui ne sont pas fiscalisés ou peu fiscalisés. Au maximum, j’accepte de payer les prélèvements sociaux sur les intérêts gagnés (17,2 % quand même…).

C’est pourquoi, dans la liste qui suit, je ne vous parle pas de certains placements tels que les Super livrets ou les livrets solidaires.

Où placer son épargne disponible ?

comment bien épargner

1. Les livrets défiscalisés

Je vais tout d’abord aborder les livrets défiscalisés. Comme leur nom l’indique, ils ne sont pas soumis à l’impôt.

Les dépôts et retraits sont réalisés sans frais.

Vous ne pouvez en détenir qu’un de chaque sorte.

Livret A

A ce jour, le taux d’intérêt est de 0,50 % net d’impôts.

A priori, il ne descendra pas plus bas puisque c’est son taux plancher !

Vous pouvez déposer jusqu’à 22 950 € sur le livret A.

Livret de développement durable (LDD)

Le taux d’intérêt est de 0,50 %. Vous pouvez y placer jusqu’à 12 000 €.

Livret d’épargne populaire (LEP)

Vous ne pouvez l’ouvrir que sous certaines conditions de ressources. Par exemple, pour un foyer fiscal constitué de deux personnes, le plafond de ressources était de 30 343 € en 2019. Au delà, impossible d’ouvrir un LEP.

Le rendement est de 1 % nets d’impôts.

Le plafond est de 7700 €.

2. Le Compte Epargne Logement (CEL)

Le rendement du CEL est faible : 0,5 % par an. Le plafond de dépôt est de 15 300 €.

Selon moi, il sera intéressant de mettre de côté sur le CEL si vous l’avez ouvert avant 2018 car, dans ce cas, les intérêts produits ne seront soumis qu’aux prélèvements sociaux.

Après 2018, la facture fiscale est plus lourde puisque vous devrez vous acquitter d’une « flat tax » à 30 % sur les intérêts produits. 30 % sur 0.5 % par an, vous l’aurez compris, il ne va pas rester grand chose à l’arrivée…

3. L’Assurance vie

De prime abord, je vous déconseillerai de mettre votre épargne disponible sur une assurance vie puisque, comme je l’ai expliqué précédemment, cette épargne doit être disponible.

Si vous ouvrez une assurance vie, sachez que vos économies seront « bloquées » pendant 8 ans. J’ai mis des guillemets sur « bloquées » car vous pouvez à tout moment récupérer votre argent mais il vous en coûtera une fiscalité alourdie.

DONC, si vous avez ouvert une assurance vie il y a plus de 8 ans, cela signifie que vous pouvez disposer des fonds en toute quiétude.

Les assurances vies adossées à des fonds euros ont vu leur rendement fondre comme neige au soleil ces dernières années. Ce rendement est estimé aujourd’hui à 1,5 %. Néanmoins, il devrait encore baisser… et les assureurs s’y emploient.

Ces derniers cherchent d’ailleurs par tout moyen à renvoyer les épargnants vers des fonds plus « dynamiques ». Entendez par là le marché action – et ses montagnes russes.

Pour votre épargne de précaution, je vous recommande de rester sur des fonds euros qui sont garantis.

Une autre limite à l’assurance vie est que, apparemment, il faut quand même compter quelques semaines avant de récupérer votre argent. La liquidité n’est pas aussi importante qu’avec le livret A par exemple.

4. Le Plan d’Epargne en Actions (PEA)

Même observation ici que pour l’assurance vie : n’ouvrez pas spécifiquement un PEA pour y déposer votre épargne de précaution. En revanche, n’hésitez pas à l’utiliser s’il a plus de 5 ans car vous n’aurez à vous acquitter que des prélèvements sociaux.

Au final

Une bonne épargne de précaution va vous permettre de sécuriser vos investissements immobiliers. Du coup, cela vous libérera l’esprit pour continuer sereinement vos opérations… ou pour vous intéresser à d’autres supports (bourse, création d’entreprise…)

Encore une fois, c’est le premier étage de votre « fusée Epargne ». Ce n’est pas super sexy et il n’y a pas de placement miracle en la matière – du genre placement garantie + intérêts géants !

Vous reste ensuite à construire le deuxième étage de votre fusée avec l’épargne de long terme, celle dont vous n’avez pas besoin avant plusieurs années, et qui sera plus rémunératrice.

2 commentaires sur “Epargne de précaution : comment bien épargner ?”

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